Myriam Makeb

Par Mustapha Boutadjine - Paris 2004 - Graphisme-collage, 80 x 60 cm

La « Mama Africa », une voix au service de la libération des Noirs

Par Pierre Barbancey Grand reporter à L’Humanité

Ce n’est pas pour rien si Miriam Makeba était surnommée « Mama Africa ». De son vrai prénom Zenzi (diminutif de Uzenzile), elle était connue dans le monde entier pour son tube, Pata Pata, mais était une figure de la lutte anti-apartheid. Née à Johannesburg le 4 mars 1932 d’une mère swazi et d’un père xhosa, elle fut d’abord la voix du groupe The Manhattan Brothers, qu’elle accompagna en tournée aux États-Unis en 1959. Le succès arriva pour Miriam Makeba avec Pata Pata, une chanson écrite en 1956 et enregistrée en 1962.
Lutte anti-apartheid et lutte pour les droits des Noirs, partout dans le monde, ne faisaient qu’un. En 1965, elle fut ainsi la première femme noire à obtenir un Grammy Award, partagé avec le chanteur Harry Belafonte pour leur disque commun, An Evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba ! En 1969, elle épouse Stokely Carmichael, l’un des dirigeants des Black Panthers, figure de la lutte pour les droits civiques. Ce qui lui vaudra de nombreux ennuis avec la justice américaine et l’obligera à s’exiler en Guinée.
Le régime d’apartheid ne s’y est pas trompé : après une série de concerts dans le monde entier, il la déchoit de sa nationalité pour sa participation à un film anti-apartheid, Come back to Africa. Aux yeux des racistes blancs, Miriam Makeba est une paria. Elle n’est pas autorisée à rentrer dans son pays pour assister aux obsèques de sa mère et vivra en exil durant 31 ans. Jusqu’à ce que Nelson Mandela lui demande de rentrer. L’apartheid est bien fini !
Une véritable vie de combat. À soixante-seize ans, elle chantait en Italie, lors d’un concert en soutien à Roberto Saviano, l’auteur du livre Gomorra, menacé de mort par la ’Ndrangheta, lorsqu’elle s’est effondrée, terrassée par une crise cardiaque.
La chanteuse noire sud-africaine n’a pas cessé de chanter la libération africaine, faisant de ses spectacles de véritables meetings contre le régime raciste. Elle a puisé son inspiration dans la culture populaire du continent noir, dépassant le simple folklore pour transformer les mélodies traditionnelles en hymne à la vie.